Perfect Blue
Chanteuse pop très populaire,
Mima décide d’abandonner la scène pour entamer une carrière d’actrice. Sans regrets, elle quitte son groupe
"Les Cham" et accepte un petit rôle dans une série télé, déclenchant ainsi la colère de ses fans... et plus particulièrement de l’un d’eux.
Bien que protégée par son manager et son attaché de presse, Mima a le sentiment d’être sans cesse épiée. Le mystérieux "traqueur" passe à l’acte en dévoilant en détail la vie de Mima sur internet, puis en menaçant ses proches.
Plusieurs incidents violents se produisent dans l’entourage de Mima et elle réalise que son existence se confond dangeureusement avec la série télé dans laquelle elle joue. Epouvantée, persécutée, hantée par un double, Mima sombre dans la schizophrénie tandis que les cadavres s’accumulent autour d’elle...
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Basé sur la nouvelle éponyme de
Yoshikazu Takeuchi,
Perfect Blue se définit comme un thriller s'intéressant aux recoins sombres de notre psyché. Ce long métrage d'animation se présente également comme
un portrait sans concession de la société de consommation japonaise. Le réalisateur Satoshi Kon y exhibe les angoisses des individus qui la constituent, acteurs comme producteurs.
" Aujourd'hui, au Japon, ce qui est important pour un dessin animé, c'est le profit qui résultera des entrées en salle, de la vente des vidéos et des diffusions à la télévision, explique-t-il.
Ce n'est plus un travail d'artiste, mais une entreprise pécuniaire."
Ainsi avec Perfect Blue, Satoshi Kon n'hésite pas à mettre en avant les aberrations sociales que peut engendrer la société nipponne à l'image des otakus, des idoles interchangeables et de la publicité envahissante:
1) les otakusAu Japon, la société de consommation a engendré des otakus (représenté par
Uchida alias Mimaniac dans le film). Un otaku est une personne, certains préféreront les termes autiste ou fan hard-core, qui sacrifie complètement sa vie sociale pour vivre avec sa passion (les idoles, les dessins animés, les maquettes, l'informatique, les timbres, etc). Ainsi, l'univers des otakus constitue souvent une fuite en avant, un refus du lien social que les simples fans ne rejettent pas systématiquement. Phénomène identifié au Japon dans les années 80, l'otakisme sublime dans l'excès les fondements de la société nippone contemporaine : l'éducation, l'information et la consommation.
2) les idolesIssues de la télévision, ces stars de la petite lucarne représentent l'expression idéale du projet de producteur. Ces icônes jetables incarnent le consensus télévisuel parfait. Estampillées "tous publics", elles squattent littéralement le petit écran, sont omniprésentes dans la vie des Japonais et possèdent un charisme sans tact capable de déchaîner des hordes de fans consommateurs de produits dérivés. Elles sont le chaînon manquant entre la chanteuse pop et l'héroïne de message publicitaire.
3) une nouvelle forme de publicité Les idoles sont donc l'incarnation de la société consumériste à la japonaise : un brin d'innocence charnelle associé à la perversité d'un système où la séduction est un simple outil marketing. Les idoles du Top Ten influencent sensiblement le cours des actions des entreprises auxquelles elles sont associées. On peut affirmer que le degré d'hystérisation des fans européens est bien léger par rapport à celui des idoles otakus. En effet, par le biais des réseaux câblés japonais ils sont en "contact" permanent avec leur vedette. Grâce aux fans-clubs et aux autoroutes électroniques, les idoles otakus augmentent encore cette promiscuité virtuelle. Il est indéniable que les maisons de disques jouent, le plus hypocritement du monde, de l'intérêt porté par les otakus aux idoles, mettant à nu leur vedette comme les ambiguïtés du système qui l'exploite.
Outre ces sévères critiques , Satoshi Kon démontre de part son brillant esthétisme toutes ses qualités de l'animation nipponnes même si on reconnaît facilement ses références cinématographiques.
A mi-chemin entre le film noir classique et le thriller moderne, Perfect Blue emprunte la plupart de ses figures majeures aux grands auteurs de films à suspens. Pour la mise en scène, le découpage et le montage, on pense immédiatement à
Seven de
David Fincher et à
Usual Suspects de
Bryan Singer.
Toutefois, il serait injuste d'ignorer les premiers films de
Nicholas Roeg (Performance) et
Abattoir 5, le chef-d'oeuvre de
George Roy Hill, car ils ont visiblement influencé Satoshi Kon.
Pour la façon de conter, on a déjà cité
Roger Corman. Mais on pourra élargir le champ de nos investigations à tous ses films issus du cycle
Edgar Allan Poe, ainsi qu'à ceux réalisés par
Hitchcock dans la lignée de
Sueurs Froides.
Plus prosaïquement, on remarquera aussi les clins d'oeil adressés par Kon à
Basic Instinct de
Paul Verhoeven (la scène du pic à glace), aux
Accusés de
Jonathan Kaplan (pour la scène de viol qui lança la carrière de Jodie Foster) et au
Silence des agneaux de
Jonathan Demme (pour l'allusion au maniaque qui revêt une peau de femme).
Il est donc juste de dire que Satoshi Kon est un cinéaste sous influence.
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